Cuvée "Travels" / "The road to you - more travels" (Pat Metheny)

10/05/21 Musique aucun

C'est cliché, les chroniqueurs l'ont écrit des centaines de fois, Pat Metheny évoque le voyage. On sait.  Oui, mais c'est tellement vrai !
D'une part parce que ce guitariste surdoué pré-digère des musiques du monde avant de les rendre plus accessibles à nous, pauvres couillons d'occidentaux, mais aussi parce que le jazz-fusion distillé par son "Group" évoque une multitude de paysages à ceux qui veulent bien fermer les yeux et se laisser emporter.
Ce n'est d'ailleurs peut-être pas un hasard si ce premier album live du Pat Metheny Group s'intitule "Travels"...

Cet enregistrement balise en quelque sorte la période ECM du groupe. On y retrouve des titres des premiers albums, tout comme des inédits. Metheny et son brillant claviériste Lyle Mays, tous deux écoeurants de virtuosité, assurent les mélodies tandis que Steve Rodby et Dan Gottlieb se collent respectivement à la basse et à la batterie. En guest, nous avons le plaisir d'entendre Nanà Vasconcelos, un percussionniste Brésilien qui taquine le berimbau et qui vocalise admirablement bien.
Alors, dès les premières notes de "Are you going with me", on se gargarise d'un son on ne peut plus limpide, qui met en valeur les finesses de ces musiciens de haut vol. Les partitions de chacun ont beau être complexes, les soli ont beau être longs et expérimentaux, ce n'est jamais que pour mieux servir l'émotion... si, si, pas de remplissage inutile ici contrairement à ce que l'on pourrait croire au premier abord.
Et les paysages défilent dans notre tête comme défile le diamant sur le vinyle (de préférence) ! En guise de plat de résistance, le PMG nous gratifie d'un "As Falls Wichita, So Falls Wichita Falls" ensorcelant, amputé de sa partie finale (le fameux "décompte" interprété au synthé qui servit de fond sonore pour une pub de Christian Dior), mais dont la durée frise les 15 minutes tout de même.
Et là, c'est l'US route 24 et ses poteaux télégraphiques qui défilent !
"San Lorenzo", délicieusement ringard clôture cet album que se doit de posséder tout fan de Metheny. Ringard, parce qu'il semblerait que  ce morceau de 1978 ait mal vieilli. On s'imaginerait facilement en maillot de bain sur un bateau de croisière. Il n'empêche, Lyle Mays exécute ici un solo de piano absolument extraordinaire.

"Travels" est et restera un must dans le petit monde du jazz-rock.

En 1992, Metheny et Mays entourés de nouveaux musiciens publient leur deuxième album live: "The road to you", aussi appelé "More travels" en version DVD. Un véritable kaléidoscope de jazz-fusion teinté de musique latino. Peut-être même supérieur à son prédécesseur de 1982...
"Have you heard" qui ouvre le bal donne le ton, ou plutôt le son: incroyablement clair. D'ailleurs, "Avez-vous entendu" cette finesse d'exécution du morceau? Cette légèreté générale? Car oui, en l'espace de dix ans, le PMG a affiné son jeu. C'est encore plus délicat, encore plus précis, encore plus époustouflant de virtuosité.

Les compétences de multi-instrumentiste de chacun permettent en effet de réaliser des arrangements complexes. Faut-il préciser que tout ce beau monde joue avec une grande cohésion et avec une maitrise désarmante?
Non, bien entendu, car le groupe passe allègrement du menaçant jazz-prog-rock de "Half-life of absolution" au cinématographique "Last train home", en passant par le calme "Nacked moon" ou encore le sautillant "Third wind".
A noter également une très belle version de "Letter from home".
Il ne serait pas impossible que le PMG soit capturé sur ce disque au sommet de son art... c'est en tout cas ce que certains spécialistes prétendent.

Enfin, ne nous fatiguons pas à évoquer le reste de la longue et fructueuse carrière de Pat Metheny, cela serait beaucoup trop long tant il continue encore aujourd'hui à innover, à explorer la musique, à lorgner vers des horizons multiples et à se renouveler sans cesse dans l'excellence.
D'ailleurs, connaissez-vous la dernière? Non? Il a composé deux longues suites pour guitare qui sont interprétées par la crème de la crème de la guitare classique du moment: Jason Viaux et le "Los Angeles Guitar Quartet". Même entre d'autres mains, le SON metheny est reconnaissable entre mille.
Mais comment fait-il?
 

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