Cuvée Everyday Life

10/05/20 Musique cuvée

Coldplay a beaucoup déçu ces dernières années, notamment avec "A head full of dreams", ce disque de pop sucrée indigeste et superficielle. Personne n'aurait pu imaginer 20 ans plus tôt que la bande à Chris Martin puisse se complaire dans autant de médiocrité tant "Parachutes" (1999) et "A rush of blood to the head" (2002) avaient séduit le public de par leur sobriété et leur mélodies subtiles.
Déjà, en 2012, "Mylo Xyloto" avait désagréablement surpris avec son côté pop colorée facile, et on avait cru à ce moment là à un incident de parcours tant son successeur, le magnifique album bleu-nuit "Ghost Stories" semblait allier sobriété des débuts et évolutions des dernières années.
Et bien non, patatras ! En 2015 l'ignoble "A head full of dreams" fut commis, ainsi que le non moins infâme "Kaleidoscope EP" en 2017. Les clips sont superbes, magnifiques, mais la zizique n'est pas à la hauteur.
Je suis dur, je sais.
Doit-on pour autant tourner le dos difinitivement à Coldplay?
 

Certes, la méfiance était de mise à l'annonce de la dernière livraison du groupe fin 2019, à savoir un album scindé en deux parties: "Sunrise" (qui traite des difficultés que l'on peut rencontrer dans l'existence) et "Sunset" (qui tente d'apporter des solutions à cela).
Le packaging en format carré est superbe, et la pochette est un habile montage façon vieille photo qui exhibe le groupe Coldplay entouré de très vieux musiciens, puisqu'il s'agit de la formation de l'arrière grand-père de Jonny Buckland (le guitariste) ! L'image originale date de 1919...

Mwouais, pas mal, ça commence plutôt bien. Mais alors, à quoi peut bien ressembler le contenu musical?

Un très bel instrumental interprété par un orchestre à cordes ouvre le bal, ce qui est inhabituel  chez Coldplay, et ce qui laisse entrevoir la suite sous les meilleurs hospices.
On continue avec "Church" et "Trouble in town" qui, même s'ils ne surprennent pas l'auditeur, ne déçoivent pas, bien au contraire. Et de plus, il semblerait que la sobriété soit à nouveau au rendez-vous.
Changement radical d'ambiance et bonne surprise avec le déconcertant "Broken" qui n'est autre qu'un chant gospel a cappella. Martin s'en sort d'ailleurs admirablement bien.
On enchaîne avec l'émouvant "Daddy" qui précède un morceau très court enregistré en pleine nature avec un dictaphone, avant d'aborder l'excellent "Arabesque" où l'on peut entendre quelques paroles chantées en français par... Stromae, ainsi qu'un long solo de saxophone, chose encore jamais réalisée dans les structures des chansons du groupe.
Enfin, cette première partie se termine en beauté avec une chorale qui entonne un chant quasi religieux: "When I need a friend".

Nous voici donc rassurés... Nous avons bel et bien retrouvé Coldplay. Nos quatre lascars ne se laissent pas aller à la facilité et ne sombrent pas dans les méandres de cette pop édulcorée à grands renforts de Beyonce qui envahit les ondes jusqu'à la nausée.
Je vais vomir et je reviens.

Mais ne chantons pas victoire trop tôt, car ce n'est pas fini, il y a la deuxième partie...

Et elle débute par le titre "Guns" qui, même s'il ne casse pas trois pattes à un canard, a le mérite de se laisser écouter. La seule ombre au tableau sera peut-être "Orphans" qui a quelques relents de pâtisserie périmée réchauffée de "A head full of dreams". C'est à croire qu'ils ne peuvent plus s'en empêcher !
Heureusement, "Eko", "Cry cry cry" (une bizarrerie) , "Old Friends" et "Bani Adam" (on croirait du Yann Tiersen) font vite oublier ce petit faux pas.
L'album se termine par deux très beaux morceaux dont le single "Champion of the world", et le touchant éponyme "Everyday Life", qui reste peut-être le titre plus réussi de tous, c'est affaire de goût.

A noter que la totalité de cet album a été interprété en live et dans son intégralité à Amman en Jordanie, sans public. La première partie a été enregistrée de bon matin au lever du soleil (Sunrise), tandis que la seconde partie a été enregistrée au coucher du soleil (Sunset). Une bien bonne idée ma foi.
Les clips promotionnels valent aussi largement le détour (à consommer sans modération sur youtube).

Afin de limiter l'impact sur l'environnement, Coldplay a décidé de ne pas partir en tournée pour promouvoir cet album, ce qui est là aussi une bien bonne idée, d'autant plus qu'avec le covid19 hein, bon...

En résumé, nous dirons que ce disque ne se hisse peut-être pas au rang des incontournables, bien que l'ensemble soit tout à fait honnête et bien agréable à écouter. Ensuite, on peut se demander si des petits intermèdes très courts comme "Wotw - Potp" étaient bien indispensables? Ils semblent casser la fluidité et le déroulement des autres titres en polluant quelque peu la set list, mais ce n'est pas très grave.
Alors donc, avec "Everyday Life", Coldplay nous surprend (dans le bon sens) en sortant des sentiers battus. C'était tout autant courageux que nécessaire pour réconcilier enfin les quatre musiciens avec une large partie de leur public déçu.

Espérons simplement que la bande à Chris Martin continuera sur cette lancée, et ne nous échauffera plus jamais les oreilles avec ce que vous savez à présent !


 



 

Laisser une appréciation sur cet article...

Capcha
Entrez le code de l'image