Cuvée CRISES - Blanc sec 2021

08/04/22 Musique aucun


Dix ans après son coup de génie avec "Tubular Bells", Mike Oldfield dévoile à la face du monde "Crises" (en référence à la mer de Crises de la Lune), son huitième opus, paru en mai 1983. Très marqué par le son du début des années 80, "Crises" se compose du morceau éponyme, un véritable OVNI pop-prog qui tient la totalité de la première face, et de cinq autres titres d'une durée beaucoup plus conventionnelle en face B, dont le tube interplanétaire "Moonlight Shadow".
Voici donc la chronique d'un album singulier, qui a marqué son temps, sur lequel Oldfield n'a pas hésité à s'entourer et à collaborer avec divers artistes de grand talent...

Le son des années 80... toute une histoire. Il faut dire que les techniques d'enregistrement et les instruments ont considérablement évolués durant cette décennie. Aussi, le son que l'on pouvait entendre en 1981, encore légèrement teinté de la chaleur des seventies, était très différent de celui de 1983, bien que seulement deux ans se soient écoulés. Le son des années 1985 - 1986, mi-analogique, mi-digital, surchargé par des synthés bodybuildés était lui aussi très différent du son froid et numérique à outrance (DDD) de 1988 par exemple.

Mais revenons à nos moutons, car c'est en 1983 qu'à été mis en boite "Crises", et on peut dire que cet album a fait la part belle au fameux Fairlight, LE synthétiseur qui a laissé à tout jamais son empreinte au son des eighties.
"Crises", le morceau fleuve de l'album (plus de 20 minutes) pourrait même être catalogué de concerto pour Fairlight CMI et guitares ! Lunaire et étrange à souhait, il est magnifiquement construit sur deux montées successives où se mêlent mélodies féeriques, shuffles lourds et inquiétants, percussions endiablées, le tout dans une atmosphère curieuse, presque dérangeante.
Une fois n'est pas coutume et histoire de rajouter un peu plus d'étrangeté, c'est Mike Oldfield en personne qui assure la partie de chant. Les paroles énigmatiques scandées par sa voix atypique et nasillarde ont pour effet d'achever de nous ensorceler par cette ambiance onirique, troublante, qui colle si bien avec l'illustration de la pochette !

D'ailleurs, l'impact aurait été radicalement différent et ô combien moins singulier si le peintre avait utilisé de la couleur bleue à la place de ce vert totalement inattendu pour la colorisation de cette scène nocturne.
Simmon Phillips (futur batteur de Toto) est tout autant inspiré derrière ses fûts qu'à la console de mixage, car c'est à lui que Mike a fait appel pour produire l'album. On peut également se demander à quoi aurait pu ressembler le résultat final sans sa présence...

Mais la vie est faite de rencontres, de rendez-vous, de concomitances qui font que les plus belles choses peuvent parfois se réaliser. Et j'en veux pour preuve avec le méga tube "Moonlight Shadow", résultat de la convergence entre une composition finement pensée de Mike Oldfield (ainsi qu'à son jeu de guitare unique), entre la voix douce de Maggie Reilly, et enfin entre la production savamment orchestrée du batteur Simmon Phillips. 
Que dire de plus sur ce titre que l'on a entendu un nombre incalculable de fois sur la FM, si ce n'est qu'à la base, Mike avait prévu d'en faire un instrumental. Oui mais voilà que par une nuit de pleine Lune, celui-ci s'est entreprit à écrire des paroles... en buvant, dit-il, "un bon verre de Bordeaux".
Quel dommage que les Bergerac ne soient pas plus connus...
Mais pardon, je m'égare, je suis un peu dans la Lune.

Le deuxième titre de la face B nous propulse encore plus loin dans l'espace avec "In High Places", chanté par Jon Anderson le chanteur du groupe Yes, célèbre pour sa voix céleste, très haut perchée. Le son est très synthétique, à l'instar de "Foreign Affair", chanson à la ritournelle certes très originale, mais qui tourne en rond assez rapidement.
A ce sujet, je me souviens très bien de l'impact que pouvait avoir le son de ce titre à la première écoute en 1983: c'était tellement nouveau que ça ne pouvait qu'accrocher l'auditeur, en dépit d'une certaine platitude dans le niveau de composition. Tout est à replacer dans le contexte.

Ensuite, "Taurus 3" met en avant la virtuosité d'Oldfield dans un court instrumental assez curieux mêlant rock et influences flamenco, avant que l'album ne se termine en apothéose avec le puissant "Shadow On The Wall" chanté par Roger Chapman.

Un album audacieux, bizaroïde, hybride, très réussi donc, qui restera encore pour des Lunes et des Lunes comme une de ses meilleures productions en dépit de sa coloration pop très empreinte du son du début des années 80.

 

PS: Mike Oldfield a déclaré au sujet de la pochette du disque: "Le bonhomme en bas à droite de l'image, c'est moi, et la tour représente ma musique".
David Gola déclare au sujet de l'étiquette de la bouteille de vin: "Le bonhomme en bas à droite de l'image, c'est moi, et le sapin représente mon activité viticole".
L'image du "bonhomme" est extraite d'un de mes clips intitulé "1990" à visionner sur Youtube:
https://www.youtube.com/watch?v=Er_YobFV-gU

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